Selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (2021), moins de 30 % des chercheur·es dans le monde sont des femmes. Cette journée internationale, instituée par l’Assemblée générale des Nations Unies, vise à promouvoir l’accès et la participation des femmes et des filles aux sciences. Pour la Communauté d'universités et d'établissements de Toulouse, l’inclusion et la mixité constituent des priorités fondamentales, témoignant de son engagement en faveur de l’égalité des genres.
À cette occasion, découvrez 7 femmes de science qui œuvrent pour la science au cœur des projets portés par La Communauté d'universités et établissements de Toulouse. Elle nous parlent de leur parcours, de leurs choix de carrière et de leur rôle au sein de la communauté scientifique, en répondant à ces 3 questions :
1- Qu'est-ce qui vous a donné envie de choisir une carrière scientifique et quelles on été les étapes marquantes dans votre parcours ?
2- Que pensez-vous apporter aujourd'hui, à votre métier, à la communauté scientifique, à la société ?
3 - Quel conseil donneriez-vous aux jeunes filles (collégiennes, lycéennes) et femmes qui souhaitent poursuivre un parcours scientifique ?
Nathalie Spanghero-Gaillard
Porteuse du projet LAIME (Langues, Arts, Identités, Migration, Expériences), financé par TIRIS dans le cadre de notre AAP Co Recherche
1- L’idée d’embrasser une carrière scientifique est arrivée avec la rencontre d’enseignants-chercheurs durant mes études de Lettres. Ces femmes et ces hommes étaient capables de mener des raisonnements reposant sur des connaissances qui m’apparaissaient alors incommensurables, mettant en relation des éléments qui se répondaient de manière tellement fluide intellectuellement que j’ai pensé « je veux apprendre à faire ça, moi aussi ». La première étape marquante a été la thèse de doctorat où l’accompagnement par mon directeur m’a appris à dérouler un raisonnement scientifique et surtout à l’exprimer à l’écrit. La deuxième étape fondatrice des suivantes a été la direction d’un projet mêlant chercheurs et entreprise, il a fallu alors apprendre à dialoguer avec des collègues d’autres disciplines et avec des personnes qui ne savaient pas ce qu’impliquer de faire de la recherche. Les autres étapes ont été les projets menés avec mes collègues, avec les doctorants, où j’ai pu continuer à déployer cette gymnastique intellectuelle.;
2-J’incite mes étudiants, se destinant à l’enseignement d’une langue étrangère, à avoir une posture scientifique dans leur quotidien : j’observe un fait (problématique), je me documente dessus (revue de littérature sur le sujet), j’imagine comment je peux le regarder en isolant certains éléments (mise en place d’un protocole) et je reviens vers le terrain initial pour mettre à l’épreuve ma nouvelle proposition (résultats et analyse).
3-Le raisonnement intellectuel procure un plaisir immense. Essayez et vous ne pourrez pas vous en passer ! Il aide aussi à comprendre le monde qui nous entoure.
Josiane Mothe
Professeure en Informatique INSPE, Université Toulouse Jean-Jaurès, Institut de Recherche en Informatique de Toulouse, URM5505 CNRS. Porteuse scientifique du Défi Clé O3T (Observation de la Terre et Territoires en Transition)
1-À l’école d’Embats, j’écoutais les cours de maths des classes supérieures sous la bienveillance de l’institutrice, une pédagogie différenciée avant l’heure ! Au collège, Mme Clapier a renforcé mon amour des maths, confortant mon envie d’enseigner. Abonnée à La Recherche par ma sœur et inspirée par mon frère ingénieur, j’ai choisi l’informatique. Des rencontres marquantes, comme le Prof. Chrisment, m’ont menée au professorat supérieur.
2-Je contribue à l’avancée des systèmes d’information en combinant rigueur scientifique et collaborations internationales. Mes recherches en IA visent à permettre l’accès aux connaissances issues de textes ou d’images ; les applications concrètes sont concrètes en médecine ou agriculture. Je forme aussi une nouvelle génération de chercheurs.
3-Ne vous autocensurez pas ! Les sciences sont ouvertes à toutes et à tous. Votre curiosité et votre travail peuvent faire la différence. Entourez-vous de personnes inspirantes et osez relever les défis, car ils vous feront grandir.
Erin Pougheon
Étudiante à l'ISAE-SUPAERO (ingénierie aérospatiale)
1-Petite, j’aimais les sciences. Je n’étais pas encore vraiment décidée sur mon orientation mais lorsque j’étais en troisième, j’ai vu un reportage télévisé sur l’ISAE-SUPAERO : j’ai su que c’était ce que je voulais faire ! J’ai donc suivi un parcours scientifique, puis deux ans de classes préparatoires et j’ai pu intégrer mon école, l’ISAE-SUPAERO, et y mener les projets qui me tenaient à cœur !.
2-En tant qu’étudiante, et à travers les projets que je mène, j’essaie de motiver les plus jeunes à s’investir dans ce milieu si c’est ce qu’elles souhaitent. Le domaine scientifique évolue, il ne faut pas se freiner !
3-Il ne faut pas craindre de se lancer ! Personne ne peut vous dire que vous n’y arriverez pas. Prenez des conseils autour de vous, renseignez-vous car il y a pleins de chemins qui existent ! Il est grand temps d’apporter les compétences trop longtemps négligées dans les sciences !
Tiavina Nivolala
Ingénieure de recherche CNRS au laboratoire CLLE dans le cadre du Défi Clé MIDOC
1-Ma passion c’est créer. Dès qu’on a acquis un ordinateur quand j’étais petite, l’informatique me semblait avoir un potentiel de création presque illimité, et m’était approchable. J’ai étudié les mathématiques à l’Université d’Antananarivo pour me donner des bases solides, puis l’informatique et de fil en aiguille, avec le soutien de nombreuses personnes, j’ai pu soutenir mon doctorat à Toulouse.
2-En ce moment, je crée des environnements immersifs en réalité virtuelle que des chercheurs en SHS pourront utiliser pour leurs expérimentations. En mettant mes compétences au service de ces problématiques qui sont nouvelles pour moi, j’espère contribuer à faire le lien entre ces deux disciplines.
3-Peu importe l’ampleur de la difficulté : il faut parfois juste penser à mettre un pied devant l’autre, s’accrocher à ce qu’on veut sans se sous-estimer ou tomber dans le fatalisme, et enfin, assumer le meilleur des personnes qui nous entourent, car un système de soutien peut faire la différence.
Laure Raynaud tets
Chercheuse et responsable d’une équipe de recherche au Centre National de Recherches Météorologiques
1-Au cours de ma scolarité, très tôt j’ai eu un intérêt particulier pour les sciences, en particulier les mathématiques. Je me suis naturellement dirigée vers une classe préparatoire puis une école d’ingénieurs. Une première étape décisive a été la thèse, qui a confirmé mon envie de poursuivre une carrière dans la recherche. Je mentionnerais ensuite mes collaborations avec des chercheurs de différentes disciplines environnementales, et plus récemment de l’IA, qui m’ont permis d’élargir mon champ d’activités, et qui font la richesse de mes travaux actuels.
2-Une aspect original de mes recherches que j’aime mettre en avant est leur aspect pluri-disciplinaire. Par exemple, un volet de mes travaux est dédié à la valorisation des prévisions météo auprès de différents usagers - prévisionnistes météo, agriculteurs, énergéticiens etc. - afin d’améliorer la gestion de leurs activités. Il y a donc à la clé des impacts socio-économiques potentiellement importants. Je reste aussi attentive aux évolutions scientifiques et technologiques dont pourrait bénéficier mon domaine de recherche : j’ai ainsi récemment contribué à faire émerger dans mon laboratoire une nouvelle thématique de recherche sur l’utilisation de l’IA pour la prévision météo. Je participe également régulièrement à des actions de vulgarisation scientifique auprès de différents publics (usagers, grand public, enseignants).
3-L’envie de suivre une filière scientifique doit être le principal moteur de choix, si c’est le cas il ne faut pas hésiter à s’engager dans cette voie. Je conseillerais de s’informer sur les différents parcours possibles afin d’identifier celui qui correspond le mieux à sa personnalité (université, école d’ingénieurs etc), et de saisir ou créer des opportunités d’échanger avec des femmes scientifiques de différents horizons.
Marianne Boix
Maitre de conférences HDR. Toulouse INP-ENSIACET LGC. En lien avec le Défi-clé Circulades, elle a bénéficié du projet PETRA mais plus largement elle est chef de projet d'une action du PEPR Spleen
1-Depuis toujours fascinée par les grands scientifiques généralistes, j'ai commencé par l'étude des Sciences de la Terre, de l'Univers et de l'Environnement à l'Université où la liberté d'apprendre m'a totalement séduite. Suite à ma thèse en Génie de l'Environnement et un séjour en Postdoctorat aux Etats-Unis, j'ai été recrutée en 2012 à Toulouse INP et au LGC en tant que Maitre de Conférences.
2-J'ai le sentiment d'y apporter une vision globale et multidisciplinaire pour que les solutions que l’on développe pour décarboner les industries répondent aux problématiques environnementales complexes. J'y apporte au quotidien mon goût pour la transmission et la formation des étudiants.
3-De se lancer, de croire en leur rêve, sans aucune hésitation! Les filières scientifiques sont très épanouissantes pour nous, elles satisfont notre curiosité tout en nous permettant d'y exprimer librement notre sensibilité par les orientations que l'on donne à nos sujets de recherche.
Jessica Eynard
Co-directrice du Master Droit du numérique et du parcours Droit, numérique, IA à l'Université Toulouse Capitole
1-Qu’est-ce qui vous a donné envie, en tant qu'enseignante-chercheuse en droit, de vous rapprocher des disciplines scientifiques telles que l'informatique et les mathématiques ?
Ce rapprochement s’est fait au moment où l’appréhension de la réalité technique me manquait pour mener mes réflexions en droit. La détermination d’un cadre juridique pertinent et répondant aux besoins sociétaux implique de comprendre les aspects techniques, afin d’apprécier la légalité des outils proposés, de penser les garanties nécessaires et ainsi, de veiller au respect des droits et libertés.
2-À ma hauteur, j’essaie de sensibiliser les étudiants et la population aux enjeux qui sous-tendent le déploiement et l’adoption de nouvelles technologies. L’objectif est d’éclairer les esprits pour qu’ils adoptent les bonnes pratiques et qu’ils se posent les bonnes questions.
3-Je leur dirais de se lancer sans hésiter et sans avoir peur de ne pas être légitimes.